Sunday, October 25, 2009

deuxième voyage à Vierzon

deuxième voyage à Vierzon

Une fois par mois au moins, Bourre nous fait ressortir notre exemplaire de “Grand Meaulnes”, le livre de Alain-Fournier. “Prenez vos Grand Meaulnes à la page xxx”, dit-il. Il a une lampe de poche, une sarbacane et un foulard autour du cou, mais c’est surtout pour pouvoir faire un garrot si l’un de nous se blesse et met à saigner gravement. Il nous fait refaire tout le chemin jusqu’à la fête donnée par Franz de Galais pour ses fiançailles. Il faut trouver un château en ruine, et on se galère dans la boue jusqu’aux genoux parce que nous manquons d’indices fermes. Bourre ne prend pas au sérieux les indications dessinées sur le plan. Il avance, les yeux braqués sur sa bonne étoile, et plus il est perdu, plus il est ravi et persuadé que c’est là que devait le mener son destin. Je commence à connaître la musique, je décide que cette fois-ci nous irons en voiture. C’est


« le deuxième voyage à Vierzon »” ou “comment maquiller un meurtre en accident de la route”


Mon amour schizoïde

s’est cloqué un acide

respire à fond...

Direction Vierzon

il roule pleins phares

« j’chu un putain d’chauffard ,

Grand Saint-Christophe

conduit nous sains et saufs »

il n’a plus de freins

il lâche les mains

du volant. C’est la fête !

Il chante à tue-tête

"Girl, I want to be with you all of the time,

all day, and all of the night

Fight, fight, my babe is all right"

Il rigole

il a la gaule

dit à Annabel

(il conduit à côté d’elle)

« prends ma bite, vite, vite

fais gaffe me coince pas dans le zip

fais moi une pipe ”

annabel s’exécute

c’est pas une pute

mais elle a du talent

jusqu’au bout des dents

surtout qu’elle en pince

pour cet ogre, pour ce prince

qui éjacule en hurlant

« je-suis-vi-vant !!!»

sur la banquette arrière

bourré de somnifères

mon amour indiffère

compte les bergères

mange les moutons

caresse l’horizon

se perd dans Vierzon

ce pont de fer tout bariolé

au dessus de la voie ferrée

j’entortille mes jambes autour des tiennes

pourvu que tu me reviennes

pourvu que tu te souviennes

... Geschichte, von Alten Zeiten,

das kommt mir nicht auf den Sinn...

Saloperie de portière, encore coin...cée !

Elle a cédé :

« y’a le pote Bourre qui a trouvé le moyen

de se déchiqueter le crâne sur le kilomètre 76.

Toi et tes fantaisies, Bourre !

SOIT tu conduis

SOIT tu fais l’explorateur des petites culottes.

PAS LES DEUX, tu comprends ?

Voilà il ne faut pas plus de dix minutes pour réconcilier tout le monde.

Comme on est pile devant un ROUTIERS

tu me fais un mégabisou sur le nez

et on va manger une saucisse frite.

On se croirait un peu à Poitiers

mais comme on est ensemble

on s’en branle de où on est.


« L’amour, faut que ça brûle, sinon c’est pas la peine ».

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